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À gauche, une affiche sur les jeunes et l'éducation aux médias, au milieu, un jeune avec un appareil photo, à droite, un instructeur avec un enfant.

3ème forum national pour la protection des jeunes face aux médias 2015

Promotion des compétences médiatiques et réglementation – Aménagement futur de la protection des enfants et des jeunes face aux médias en Suisse

Le mode d’utilisation des médias a encore changé fondamentalement avec la propagation fulgurante des smartphones observée ces dernières années. Nous sommes non seulement joignables par téléphone en tout temps et en tout lieu, mais nous avons aussi accès à n’importe quel moment à des contenus Internet, aux réseaux sociaux et à d’autres services de communication. Toujours et partout en ligne: ce n’est pas seulement valable pour les adultes, mais aussi pour les enfants et adolescents, qui possèdent aujourd’hui de plus en plus tôt un smartphone.

Le 3e forum national professionnel du 7 septembre 2015 à Berne a été consacré aux changements sociétaux découlant de cette évolution et aux défis qui se posent pour la protection des enfants et des jeunes: que savons-nous du comportement des enfants et des adolescents face aux médias? Comment évaluer les opportunités et les risques liés aux médias numériques? Les efforts déployés pour développer les compétences médiatiques en famille, à l’école, durant les loisirs et dans les structures d’accueil portent-ils leurs fruits? Comment repérer précocement les comportements à risque? Quelles sont les perspectives et les limites de la réglementation?

Le 3e forum national professionnel qui clôture le programme national Jeunes et médias a offert la possibilité de discuter de ces questions, des expériences faites ces cinq dernières années, des défis à venir, mais aussi de la collaboration et de la répartition des tâches entre les divers acteurs. La Confédération continuera de jouer un rôle actif dans la protection de la jeunesse face aux médias, de soutenir les cantons et les organisations privées dans l’accomplissement de leurs tâches et d’assurer la coordination dans le domaine de la réglementation.

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Ateliers

Abstract Prof. Dr. em. Franz Josef Röll

Jusqu’à présent, on convenait en sociologie comme en psychologie que l’identité se formait dans le dialogue social avec d’autres personnes essentiellement par le biais de la communication (langue), et qu’elle devait en même temps être considérée comme un processus de développement. La dissolution des liens traditionnels, l’individualisation croissante, l’accélération des mutations sociales et le mode de vie numérique ont cependant transformé la constitution de l’identité. Désormais, le monde des jeunes se caractérise par la discontinuité, la fragmentation, la segmentation, la déterritorialisation et le collage (mashup), de sorte que le sujet ne peut plus être défini comme une unité autonome. Il faut partir du principe que l’on est en présence d’identités partielles qui se recomposent et se développent en permanence. Il y a un déplacement du modèle dans la construction de l’identité : tandis qu’auparavant, les adultes faisaient office d’exemples, le centre de l’attention est désormais tourné vers les pairs et leur comportement face aux médias. Les jeunes établissent des relations para-sociales avec les médias, qui acquièrent ainsi un rôle constitutif pour la formation du moi. Les médias ont en outre une influence déterminante sur la façon dont les jeunes gèrent leurs relations. L’image de soi tend de plus en plus à se confondre avec l’image que l’on aimerait avoir de soi, elle-même présentée dans les médias sous forme de narration de soi. « Je poste, donc je suis » signifie donc que l’orientation des repères, le développement des valeurs et le sentiment de « moi » ne sont marqués par aucun processus interne de réflexion, mais que la capacité à trouver des coalitions de goûts par le biais de représentations extérieures, en dialoguant sur les réseaux sociaux, permet de dégager de nouvelles ressources et de former des structures de sens individuelles. De par ce processus de développement, des relations faibles gagnent en importance, car elles constituent de meilleurs boucliers face aux exigences auxquelles sont confrontés les jeunes dans le capitalisme flexible. Tout cela n’est toutefois pas sans risques. Lorsque l’on manque de liens dans le monde social, on court le danger de se perdre dans les médias (addiction) ; on ne parvient pas à trouver une cohérence entre les différents fragments partiels d’identité, ce qui entraîne un amour narcissique de sa propre image ou des adaptations non réfléchies de modèles problématiques (p. ex. l’anorexie). Les acteurs chargés de la formation des jeunes se doivent d’accompagner les adolescents dans leur quête de reconnaissance, d’autoreprésentation et de relations sociales. Or ce n’est pas l’interdiction, mais la responsabilisation personnelle qui permet d’atteindre ce but. Partant, la seule réponse possible à cette évolution est la transmission de compétences en matière de médias et la formation aux médias.

Présentation:

Prof. Franz Josef Röll, professeur honoraire à la Haute école de Darmstadt, département des sciences sociales et travail social. Spécialisation: nouveaux médias et éducations aux médias (d)

L’atelier a permis d’aborder pour la première fois à l’échelle nationale le thème de l’éducation aux médias au niveau préscolaire (abstract de l'atelier, PDF). Friederike Tilemann, responsable du département Education aux médias de la Haute école pédagogique de Zurich, a centré son exposé sur l’intérêt d’une éducation aux médias précoce : cela permet aux enfants de prendre conscience, dans une certaine mesure, du fait que les médias sont un assemblage, d’assimiler leurs expériences médiatiques, d’apprendre à se percevoir et à voir les autres à travers des photographies et des séquences vidéo, de faire l’expérience des processus sociaux d’apprentissage et de découvrir les médias comme un moyen d’expression propre. Thomas Jaun, président du réseau d’accueil extrafamilial et directeur de la haute école spécialisée pour l’éducation des enfants, a noté dans son exposé que l’accueil extrafamilial a du mal à appréhender les médias numériques et que ceux-ci sont délibérément laissés de côté par de nombreuses structures. Il a présenté la manière dont les éducateurs et les enfants utilisent actuellement les médias et indiqué comment ils pourraient les utiliser à l’avenir, en précisant les compétences importantes pour chacun. M. Jaun estime qu’il n’est pas justifiable, du point de vue de l’éducation des jeunes enfants et du fait de l’importance des médias numériques, d’exclure ces derniers des domaines d’intervention de l’accueil extrafamilial. Corinne Rochat, responsable du Centre de ressources en éducation de l’enfance, a présenté un plan de prévention mis en œuvre en 2010-2011, au cours duquel un millier d’enfants ont participé, dans douze structures d’accueil, à un programme visant à promouvoir les échanges sur le thème de la télévision et des jeux vidéo.

 

Veronika Lévesque a animé le débat qui a suivi les exposés. L’une des conclusions générales est que l’éducation des jeunes enfants aux médias n’est pas encore intégrée dans les programmes globaux d’éducation. Cette lacune s’explique par le manque de structures, de coopération et d’échanges à différents niveaux. D’après Thomas Jaun également, les structures d’accueil de jour doivent s’améliorer en la matière : il n’existe pour l’instant aucun programme convaincant, et la plupart du temps, les adultes responsables ne possèdent pas les compétences nécessaires. Bo Reichlin précise que mediolino.ch a détecté de grandes différences en matière de compétences médiatiques des enfants lors des ateliers organisés et grâce à une enquête menée auprès des structures d’accueil de jour : certains enfants ne sont que peu confrontés aux médias numériques à la maison, et la structure d’accueil peut aussi avoir pour eux une action compensatrice. Daniela Straumann indique la manière dont cette action peut être mise en œuvre : elle organise dans des crèches des semaines d’information, au cours desquelles une compétence (par ex. la photographie) est abordée de manière approfondie chaque jour, et qui sont conclues par une soirée avec les parents afin de discuter des résultats.

 

En résumé, il apparaît clairement qu’il est nécessaire que le thème des médias numériques joue un rôle plus important, et que l’attitude des acteurs doit changer. Il faut que le thème soit intégré dans les programmes pédagogiques, y compris en dehors des structures d’accueil de jour : dans les groupes de jeux, les centres familiaux ou la formation des parents. Il est nécessaire de promouvoir les compétences médiatiques de manière ciblée afin d’endiguer les craintes et d’inciter au débat. On n’arrêtera pas le développement des médias numériques ; mais la pratique pédagogique en la matière peine à progresser au même rythme. Cette situation peut constituer la base pour permettre aux parents, aux pédagogues et aux enfants d’évoluer ensemble.

 

 

Exposés à télécharger :

 

 

 

Participants :

  • Bo Reichlin, initiatrice de Mediolino.ch
  • Daniela Straumann, animatrice de groupe à la crèche Purzelhuus, Lenzbourg

 

Animation :

Veronika Lévesque, Direction de l’éducation, de la culture et du sport, canton de Bâle-Campagne

Renato Hüppi, responsable de l’animation jeunesse en milieu ouvert à Oerlikon et initiateur de la plateforme d’information sur les jeux gameinfo.info, a décrit dans son exposé l’emploi de jeux vidéo pour développer les compétences médiatiques des jeunes (abstract, page 2, PDF). L’étude JAMES montre que 60 % des garçons et 17 % des filles jouent à des jeux vidéo quotidiennement. Les jeux sont de plus en plus mobiles : pour jouer, les jeunes privilégient le smartphone. Selon Renato Hüppi, le jeu en commun présente de grands avantages sociaux, qu’il s’agisse d’une partie de FIFA Football ou de Minecraft d’aménager une salle de jeux vidéo dans le centre de jeunesse ou encore de faire les courses ou la cuisine avant de commencer à jouer. Les animateurs doivent relever les défis de maîtriser l’infrastructure et le savoir-faire techniques, et d’atteindre le groupe cible des filles. Le jeu en commun est globalement très positif, mais il requiert de la part des adultes une plus grande attention pour détecter rapidement les signes de problèmes.

 

Christian Ritter, collaborateur scientifique de l’Université de Zurich, institut d’anthropologie sociale et de sciences empiriques de la culture, a relevé dans son exposé l’intérêt croissant que les jeunes portent aux films réalisés sur smartphone (abstract, page 1, PDF). Or le contenu de ces films n’est pas que sexe et violence (l’exposé de Christian Ritter était intitulé « mehr als nur Sex & Crime »). Ils constituent aussi un moyen d’expression disponible en tout temps et donnent la possibilité de vivre quelque chose en commun. Christian Ritter a présenté les résultats du projet de recherche du Fonds national suisse « Handyfilme – Künstlerische und ethnographische Zugänge zu Repräsentationen jugendlicher Alltagswelten » : les films réalisés sur smartphone sont souvent associés exclusivement à la violence, mais ils constituent également une ressource et il serait important de les reconnaître comme tels.

 

Il est ressorti du débat qui a suivi les exposés que les jeunes ne parlent pas toujours volontiers de leurs expériences en la matière et qu’ils ont tendance à se défendre de l’influence des adultes lors de la réalisation de projets. On observe également que les jeunes ne se préoccupent pas d’opérer des coupures pour réaliser des montages. La plupart des films restent à l’état brut sur le smartphone et ne sont que rarement visionnés une nouvelle fois. Christian Ritter a aussi annoncé l’exposition itinérante et interactive intitulée Handyfilme – Jugendkultur in Bild und Ton (handyfilme.net), qui présente, dès octobre 2015, des films réalisés par des jeunes.

 

Exposés à télécharger :

 

Exemples pratiques :

  • Animation jeunesse, atelier cinéma : Film Me, my fake and I de Jugendinfo Winterthur
  • Présentation de jeux : Jay-Leo Nagel et Fabio Beti, jeunes game-coaches, GameInfo

 

Animation :

Milena Giordano, directrice du festival Ciné Jeunesse Suisse, OKAJ Zurich

Dans son exposé le professeur Beat Döbeli Honegger a mis en évidence comment les médias et l’informatique avaient été intégrés au Lehrplan 21, adopté fin octobre 2014 par la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse alémanique (abstract, PDF). Conçu en tant que module, le plan d’étude partiel « Médias et informatique » est subdivisé en trois sous-domaines : médias, informatique et compétences d’utilisation. Tel que ce programme est actuellement mis en œuvre dans les 21 cantons au moins en partie germanophones, le professeur Döbeli doute qu’il favorise l’acquisition des compétences d’utilisation des médias numériques. Il concède néanmoins que le principe du fédéralisme qui sous-tend l’organisation de l’instruction publique en Suisse, le manque de ressources et les calendriers différents prévus pour l’introduction de ce plan d’études ne facilitent pas la mise en œuvre des objectifs fixés.

 

Nicolas Martignoni, responsable du Centre fri-tic et président de la Commission d’éducation aux médias et aux technologies dans l’enseignement COMETE (CIIP), a pour sa part fait le point sur l’état de l’application du plan d’études romand (PER) – en vigueur depuis 2010 – et les problèmes qui se sont fait jour (abstract, PDF). Contrairement au Lehrplan 21, le PER ne mentionne pas l’informatique comme une matière isolée : l’enseignement des compétences médiatiques doit donc être intégré à d’autres apprentissages. En outre, suivant les cantons, les exigences et les calendriers ne sont pas les mêmes. Dans la perspective de l’introduction du Lehrplan 21, Nicolas Martignoni relève que les élèves ont besoin de moyens et de temps pour acquérir les compétences médiatiques. Il suggère donc de s’interroger sur le mode de leur transmission et sur l’évaluation de celle-ci, et de s’intéresser à la manière dont les cantons bilingues gèrent la mise en œuvre des plans d’études.

 

De la discussion sur l’intégration des médias et de l’informatique dans le Lehrplan 21 émergent deux constats : les enseignants sont dans l’ensemble très intéressés par le sujet et les plus jeunes, suffisamment formés dans le domaine. Nombre de participants font état de besoins conséquents en la matière, tout en pointant l’absence de concepts à mettre en œuvre. La coordination supracantonale est par ailleurs loin de faire l’unanimité, puisque le Lehrplan 21 n’est pas mis en œuvre partout simultanément. Il appartient donc aux écoles de prendre les devants et de signaler si leur personnel a besoin de cours de formation continue. Au vu du manque de moyens, on recommande aux cantons de collaborer, par exemple pour l’élaboration ou l’échange de matériel pédagogique. Des voix dans le public se sont élevées pour proposer de consacrer un séminaire trilingue à ce sujet. Les participants se sont également interrogés sur la manière d’attester les compétences des élèves en médias et en informatique : si, pour l’heure, les élèves romands ont un « carnet de compétences » informel, cette matière devrait figurer d’ici deux ans aux côtés des autres dans le bulletin scolaire à compter de la 5e primaire. La discussion a ensuit porté sur la situation prévalant dans les écoles spécialisées. Les projets extrascolaires dans le domaine informatique sont considérés comme un complément utile à la formation de base dispensée en classe. A titre de synthèse, la modératrice, Inés Mateos, a noté que le conflit de générations qui avait cours au sujet des médias et de l’informatique avait fait place à un changement de paradigme : alors que les enseignants ont désormais les compétences nécessaires, ils réclament du matériel et des méthodes pédagogiques innovantes.

 

Exposés à télécharger :

 

 

 

Participants à la discussion :

  • Nicolas Martignoni, responsable du Centre fri-tic, président de la Commission d’éducation aux médias et aux technologies dans l’enseignement COMETE
  • Beat Döbeli Honegger, professeur chargé de recherche à l’Institut pour les médias et l’école, HEP Schwyz, membre du groupe de travail TIC et médias dans le cadre du LP21
  • Beatrice Straub-Haaf, responsable du service informatique, Office de l’école publique du canton de Saint-Gall, membre du groupe de travail TIC et médias dans le cadre du LP21
  • Peter Baumann, directeur de l’école d’Hergiswil, membre de la direction de l’Association professionnelle des directrices et directeurs d’école VSLCH, membre du groupe de travail TIC et médias dans le cadre du LP21

 

Animation : Inés Mateos

Laetitia Magnin, responsable du Service de médiation scolaire – Le Point, a présenté le plan de prévention et de lutte contre le (cyber-)harcèlement que le Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP) du canton de Genève a mis au point avec le soutien de l’Office fédéral des assurances sociales et la collaboration de l’association genevoise Action Innocence (abstract, p.1, PDF). Ce plan s’articule autour des six mesures suivantes : un plan de formation pour la prévention et l’identification précoce des situations de harcèlement, la définition des rôles et responsabilités dans l’établissement scolaire, un protocole de traitement de situations de harcèlement, un plan d’action pour chaque école, des renseignements ciblés pour les enseignants, les élèves et leurs familles et enfin, des informations spécifiques sur le cyberharcèlement et la violence dans l’espace virtuel, l’objectif global étant de renforcer la collaboration entre les différents acteurs impliqués.

 

Nadia Ruffiner, collaboratrice du Département de l’éducation et de la famille du canton de Neuchâtel, a quant à elle illustré cette collaboration avec l’exemple d’un groupe de travail chargé d’élaborer des mesures permettant de réagir aux problèmes spécifiques qui peuvent se poser lors du traitement de cas de cyberharcèlement (abstract, p.1/2, PDF). Composé de directeurs d’écoles, de représentants des cycles obligatoire et post-obligatoire, du service informatique scolaire, du CAPPES (Centre d’accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires), de la police cantonale et de l’association Action Innocence, ce groupe de travail s’est fixé un double objectif : consolider les procédures applicables aux cas concrets et améliorer la collaboration entre ces différents organes.

 

Enfin, prenant appui sur son expérience des cas de crise, Esther Luder-Müller, responsable de l’intervention de crise au Service de psychologie scolaire du canton de St-Gall, a mis en évidence que la distinction faite entre harcèlement et cyberharcèlement n’était pas pertinente, puisqu’il n’est plus possible aujourd’hui de séparer harcèlement et nouveaux médias (abstract, p.2/3, PDF). Elle a également montré comment la collaboration entre le service cantonal de la jeunesse, l’aide aux victimes du service de protection de l’enfance et, parfois, le tribunal des mineurs, permettait de traiter les cas avec rapidité et cohérence. De plus, Esther Luder-Müller a souligné que victimes et auteurs de harcèlement devaient systématiquement faire l’objet d’un suivi. Pour compléter le tableau, elle recommande encore d’aborder le sujet avec la classe concernée et, en parallèle, d’informer les parents par écrit.

 

A la discussion qui a suivi ces exposés se sont jointes une représentante de la police cantonale de Bâle-Ville et la directrice d’Action Innocence. Ce fut l’occasion de constater que le cyberharcèlement était un sujet de préoccupation dans toute la Suisse et que, globalement, la collaboration entre autorités, établissements scolaires, associations et parents fonctionnait bien. La police et les écoles entretiennent des rapports de partenariat et les forums parents en présence de la police favorisent la discussion, bien qu’ils puissent être davantage fréquentés. D’aucuns ont rappelé qu’à l’avenir aussi, l’information restera essentielle : les adultes devraient savoir comment les jeunes utilisent les médias afin de pouvoir s’acquitter de leur mission éducative. Des voix se sont par ailleurs élevées pour réclamer que l’on consacre au moins une soirée de parents d’élèves au cyberharcèlement, même si aucun élève n’en a encore été victime. Enfin, le souhait de la police est que l’on parle davantage du harcèlement et que les autorités soient impliquées plus tôt.

 

 

Exposés à télécharger :

 

 

 

Participants à la discussion :

  • Laetitia Magnin, responsable du Service de médiation scolaire – Le Point, Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP), République et Canton de Genève
  • Nadia Ruffiner, Centre d’accompagnement et de prévention pour les professionnels des établissements scolaires CAPPES, canton de Neuchâtel
  • Esther Luder-Müller, psychologue diplômée, responsable de l’intervention de crise au Service de psychologie scolaire du canton de St-Gall
  • Tiziana Bellucci, directrice d’Action Innocence
  • Shirin Scheidegger, agent de police, Brigade des mineurs et de prévention de Bâle-Ville

 

Modérateur :

Martin Böss, directeur de la Prévention suisse de la criminalité PSC

Dans son exposé, (abstract, p.2, PDF) Florian Saurwein, chercheur à l’unité Evolution des médias et innovation, IPMZ, Université de Zurich, a présenté les initiatives d’autoréglementation sur Internet des associations professionnelles simsa (Swiss internet industry association) et asut (Association suisse des télécommunications). Il estime que la mondialisation d’Internet et le grand nombre des acteurs impliqués rendent difficile d’envisager une autoréglementation locale. Il recommande notamment d’étudier les possibilités de mise en place d’une autoréglementation dans de nouveaux champs et de tenir compte des développements à l’échelle internationale.

 

Sabine Frank, directrice du domaine Réglementation, protection de la jeunesse et compétences médiatiques de Google Germany, a présenté l’association allemande d’autocontrôle volontaire des prestataires de services multimédias (Freiwillige Selbstkontrolle Multimedia-Dienstleister, ou FSM) (abstract, p.1, PDF), regroupant actuellement 47 membres qui élaborent des règles de conduite communes pour Internet. Mme Frank souligne qu’Internet n’est pas une zone de non-droit : en vertu du contrat national de protection des jeunes face aux médias, les Länder possèdent une compétence de réglementation. Le système en vigueur est celui de « l’autoréglementation contrôlée » : faute d’un fonctionnement satisfaisant de l’autoréglementation de la branche, les autorités interviennent. Mme Frank montre, avec l’exemple de Google, comment les entreprises collaborent avec les institutions pour lutter contre les contenus illégaux sur le web. Toutes les plateformes de Google donnent la possibilité à tous les utilisateurs de signaler des contenus inappropriés, en cliquant sur Notice and take down. Le cas échéant, ces contenus sont placés dans la zone 18+ réservée aux utilisateurs majeurs.

 

Les participants au débat estiment à l’unanimité que l’autoréglementation de la branche est pertinente et efficace. Le comportement des jeunes face aux médias change sans cesse ; l’autoréglementation permet aux acteurs de la branche d’y réagir plus rapidement. C’est pourquoi l’initiative de l’asut sera prochainement remaniée. Il y a également consensus sur la nécessité de développer largement le conseil sur les outils importants, tels que les filtres de protection de la jeunesse, afin de toucher le groupe-cible des parents. Il convient de déterminer si le lieu de vente est le bon endroit pour sensibiliser les parents sur ce type de mesures. La réglementation est sur la bonne voie, mais il importe de clarifier la répartition des rôles entre l’Etat et l’industrie. Il faut par ailleurs développer et renforcer la communication des mesures préventives, comme le filtrage ou d’autres méthodes de protection de la jeunesse, afin que le consommateur final – parents, enfants et jeunes – utilise réellement ces instruments.

 

Exposés à télécharger :

 

 

 

Participants :

  • Michael In Albon, responsable de la protection des jeunes face aux médias chez Swisscom, responsable de la Task Force Protection de la jeunesse asut
  • Jens Kaessner, unité Services de télécommunication, OFCOM
  • Peter Grütter, président de l’Association suisse des télécommunications (asut)

Animation : Thomas Vollmer, Office fédéral des assurances sociales

Le prof. Pastötter, président de la Deutsche Gesellschaft für Sozialwissenschaftliche Sexualforschung, a fait le point sur l’état de la recherche dans le domaine du sexting et de la consommation de pornographie. Aucune étude n’a encore été menée en Europe sur le thème du sexting (abstract, PDF). Des études américaines montrent que 50 % des adolescents ont déjà envoyé des photos dénudées ou des messages à caractère érotique. 16 % des garçons envoient même ce genre de messages à de parfaits inconnus : il semble que ce soit aussi un moyen de draguer. Il existe des centaines d’études sur la consommation de pornographie chez les adolescents, mais elles ne sont pas comparables car elles s’appuient sur des définitions différentes de la pornographie et de la consommation. Environ 50 % des garçons et 10 % des filles regardent des films pornographiques à partir de la puberté. Les filles y sont généralement poussées par leur partenaire. Interrogés sur leurs motivations, les jeunes et les adultes déclarent qu’ils le font pour s’informer. La consommation régulière de pornographie, au sens de l’observation combinée à la masturbation, semble peu fréquente chez les jeunes. De nombreux enfants et adolescents ne s’intéressent pas aux organes sexuels, mais recherchent désespérément un partenaire qui les comprennent et les acceptent et qu’ils comprennent.

 

Il est difficile d’analyser si la consommation de pornographie a un impact sur le système de valeurs et les comportements sexuels, car les études se fondent sur les réponses fournies par les personnes interrogées. Il est donc difficile de connaître les motifs dissimulés. La sexualité est un processus hormonal, émotionnel et cognitif complexe. Tirer des liens de cause à effet constitue un véritable défi pour la recherche. Du point de vue de l’anthropologie culturelle, le prof. Pastötter voit la pornographie comme un récit, un média narratif. Il est fermement persuadé que les images ont des effets. On constate par exemple une désensibilisation : le désir diminue rapidement avec la consommation de pornographie. De jeunes hommes déclarent par exemple que leurs réactions aux stimulations sexuelles de leur partenaire sont limitées, car la sexualité passe davantage par leur tête que par leur corps. Selon les observations, la pornographie a aussi un impact sur les interactions sociales des enfants, qui tiennent par exemple des propos obscènes ou sexualisés. Etant donné que la protection des jeunes n’est pas assurée sur Internet – on recense plus de 6 millions de vidéos et films pornographiques libres d’accès –, il insiste sur l’importance de la pédagogie des médias. Il souligne toutefois que celle-ci soutient uniquement la compréhension cognitive. Selon lui, la seule chose qui fonctionne bien est la fonction de modèle des adultes, car les enfants remarquent lorsque leurs parents consomment de la pornographie. Il demande aussi que chaque film porte la mention : « Attention, la consommation de pornographie réduit votre capacité à réagir aux stimulations sexuelles de votre partenaire ».

 

Pascale Coquoz, formatrice en santé sexuelle en Suisse romande, confirme les propos du prof. Pastötter. Ces dix dernières années, elle a constaté dans les classes une augmentation de l’excitation sexuelle et des propos sexualisés, qu’elle explique par l’omniprésence des images dans notre société hypersexualisée. Dans le même temps, elle a aussi observé chez les jeunes un dégoût de plus en plus marqué par rapport à tout ce qui a trait à leur propre sexualité. Les adolescents ne font plus la différence entre sexualité adulte et pornographie. Les images pornographiques impressionnent davantage les enfants mal informés que ceux qui en ont parlé avec leurs parents. La perception est par ailleurs aussi liée à la culture.

 

Les deux spécialistes s’accordent sur le fait qu’il ne faut ni dramatiser ni juger. L’aspect positif est que les jeunes n’hésitent pas à appeler les choses par leur nom et qu’ils en savent davantage. Mais ils se posent toujours les mêmes questions fondamentales sur « comment on tombe enceinte, comment le corps change à la puberté, etc. » La pornographie n’est pas le thème de prédilection des jeunes, mais il est toujours abordé dans les cours d’éducation sexuelle, en partant des émotions suscitées par le visionnement d’images. Pour les deux spécialistes, la sexualisation de la société et le contact précoce avec la pornographie n’ont pas avancé l’âge des premiers rapports. Le prof. Pastötter ajoute que des études américaines relèvent même plutôt le phénomène inverse. Un problème qui se pose selon lui est le fait que jusqu’à 13 ou 14 ans, les enfants sont incapables de faire la distinction entre fiction et réalité, comme le montre la recherche sur les effets des médias. Comment éviter dès lors les effets indésirables sur le plan émotionnel ? Peut-on apprendre à un enfant que la pornographie n’a rien à voir avec la sexualité réelle, qu’il s’agit d’une fiction ? L’hypothèse du prof. Pastötter est que plus un enfant se sent en sécurité et connaît des relations harmonieuses, plus il est en mesure de gérer les images. Ce ne sont pas des phrases lui expliquant que ce n’est pas la réalité qui permettent d’atténuer ses réactions émotionnelles, mais un sentiment bien ancré de sécurité, de stabilité émotionnelle et de protection. Cela doit venir des personnes de référence proches, dont les enseignants ne font pas partie. Si ces personnes ne remplissent pas ce rôle, la situation est difficile. Les adultes doivent donc être conscients de leur responsabilité : c’est à eux de montrer l’exemple aux enfants afin que ceux-ci puissent gérer les images et les remettre à leur juste place. Mme Coquoz souligne dans ce contexte l’importance du travail avec les parents dès l’école enfantine. Les cafés de parents offrent un cadre où les parents peuvent échanger et trouver réponse à leurs questions.

 

Une travailleuse sociale en milieu scolaire qui se trouvait dans l’assistance a relaté son expérience positive avec des entretiens parlant d’amour, de sentiment amoureux et d’amitié, ainsi qu’avec des livres adaptés aux enfants. Mme Coquoz partage cette opinion. Les cours d’éducation sexuelle encouragent le développement de compétences et aident à poser des jalons. L’association ARTANES aborde les thèmes du corps et de la sensualité dans les écoles. Elle propose des vidéos sur la manière d’embrasser, de faire des caresses, de s’enlacer. L’association a en outre publié du matériel pédagogique pour le travail avec les adolescents et au sein de groupes de pairs. Elle plaide pour que l’éducation sexuelle fasse partie des tâches transversales dès la petite enfance.

 

Exposé à télécharger :

Prof. (US) Dr Jakob Pastötter, président de la Deutsche Gesellschaft für Sozialwissenschaftliche Sexualforschung

 

 

 

Participants :

  • Pasquale Coquoz, présidente de l’Association romande et tessinoise des éducatrices/teurs, formatrices/teurs en santé sexuelle et reproductive ARTANES
  • Prof. (US) Dr. Jakob Pastötter, président de la Deutsche Gesellschaft für Sozialwissenschaftliche Sexualforschung

 

Animation :

Myriam Caranzano-Maître, directrice de l’ASPI (Fondazione della Svizzera italiana per l’Aiuto, il Sostegno e la Protezione dell’infanzia) / membre du comité de l’ISPCAN (International Society for the Prevention of Child Abuse and Neglect)

L’atelier 8 a porté sur les moyens à mettre en œuvre pour mieux toucher les parents – et tout spécialement ceux qui ont des problèmes et sont défavorisés sur le plan social ou culturel – dans le travail de sensibilisation. Il a mis en évidence, à l’aide de différents exemples, les possibilités offertes par la collaboration avec des partenaires locaux.

 

Dans son exposé d’introduction (abstract, PDF), Maya Mulle, directrice de Formation des Parents et responsable de l’association Elternmitwirkung, a présenté cinq exemples de bonnes pratiques impliquant des réseaux locaux actifs dans l’éducation aux médias en Allemagne. Ces exemples ont été évalués par la fondation digitale Chancen et Mme Mulle en a tiré des recommandations pratiques. Elle a présenté les moyens de toucher les groupes de parents et de les familiariser avec les médias numériques et fourni des conseils pratiques afin de bien travailler avec les parents : par exemple, dans le cadre de la formation, mettre les parents en relation avec des personnes de confiance qui serviront ensuite de multiplicateurs, introduire le thème le plus simplement possible, inciter les jeunes à produire eux-mêmes des contenus médiatiques ou encore ne pas oublier l’aspect ludique dans ce travail. Sur un tableau de conférence, Mme Mulle a noté les facteurs qui permettent de bien travailler avec les parents.

 

Joachim Zahn, responsable de projet pour le site zischtig.ch, a présenté, à l’aide de l’exemple de la commune d’Egg, le fonctionnement de la coopération entre corps enseignant, travailleurs sociaux en milieu scolaire, animateurs jeunesse, police des mineurs et zischtig.ch. Tous les acteurs mentionnés se concertent et contribuent à favoriser le développement des compétences médiatiques. M. Zahn a également montré comment mettre en place, diriger et réaliser, dans le cadre d’un atelier intergénérationnel la discussion commune avec les parents et les enfants sur les médias numériques. Un autre programme de zischtig.ch s’appuie sur une forme interactive de la soirée d’information, afin d’inciter davantage de parents à y participer. Les adultes participent sur place au choix des contenus de la soirée, à l’aide de leur smartphone. Zahn souligne la nécessité d’aborder des thèmes nouveaux et de véritablement convaincre les parents de la pertinence des nouveaux contenus.

 

Eva Piscitelli a présenté la stratégie du canton de Neuchâtel. Celle-ci peut servir de modèle car elle est mise en place dans le cadre d’une coopération interdépartementale. Les objectifs des différentes activités mises en œuvre (dont des séquences de cours, des soirées d’information pour les parents et des documents écrits) sont d’informer, d’inciter à réfléchir et de construire des compétences parentales afin d’accompagner activement les enfants sur le web. Un questionnaire écrit permet de s’assurer que les parents ont bien assimilé les connaissances transmises ; les résultats de ce questionnaire influeront sur la définition de la future offre.

 

Yvonne Ledergerber, qui travaille pour le programme de prévention et d’accompagnement «Femmes-Tische» a présenté le kit d’animation sur l’éducation aux médias, qui comprend des éléments de méthode et de pédagogie afin d’animer des échanges entre mères issues de la migration. Le cadre informel, d’accès facile et l’animation par des mères issues de la même culture permettent au projet de toucher le groupe cible.

Brigitte Waldis-Kottmann, de l’école de Hochdorf a présenté l’exemple d’une combinaison réussie de soirées des parents (avec des traducteurs et en allemand) et d’ateliers pratiques. Les points forts de la série de manifestations sont les suivants : elles fonctionnent en réseau, sont liées à la pratique, impliquent plusieurs générations et transmettent des contenus pour la formation des compétences médiatiques à la maison.

 

Lors du débat, animé par Inés Mateos (spécialiste de la formation et de la diversité), il est apparu que deux aspects sont décisifs pour que le travail avec les parents réussisse :

  1. La diversité des offres, la relation personnalisée, la collaboration active des parents et un contexte attrayant. Il est préférable que les informations soient communiquées dans la langue maternelle des parents. Ceux-ci apprécient de pouvoir approfondir des informations écrites, avec l’aide d’un spécialiste et en travaillant activement sur leurs propres appareils. La forme de la transmission et de la manifestation doit tenir compte des besoins et des ressources des parents. Un contexte attrayant (faibles coûts, trajet court, etc.) est également indispensable pour une manifestation réussie. Des personnes qui sont familières pour les parents peuvent servir de multiplicateurs.
  2. Les réseaux facilitent le travail avec les parents. Des partenaires de réseaux possédant des compétences différentes complètent les offres. Pour cela, il est nécessaire de prévoir les conditions de la coopération, le temps nécessaire pour la concertation et un personnel qualifié. Le tableau 1 du Factsheet de l’association Formation des parents CH sur les éléments d’un travail réussi avec les parents présente des partenaires de réseau possibles.

 

Exposés à télécharger :

Maya Mulle, directrice de Formation des Parents CH (d)

 

 

 

Exemples pratiques et participants :

  • Brigitte Waldis-Kottmann, Akzent Prävention und Suchttherapie Luzern (centres de conseils et d’assistance pour toxicomanes de Lucerne), école Hochdorf
  • Yvonne Ledergerber, Femmes-Tische Zürcher Unterland, Eva Piscitelli, Office de l’informatique scolaire et de l’organisation OISO
  • Canton de Neuchâtel, Joachim Zahn, chef du projet zischtig.ch

 

Animation : Inés Mateos, spécialiste en formation et en diversité, animatrice

Cet atelier a permis de présenter les résultats de l’évaluation de sept projets modèles qui recourent à la méthode d’éducation par les pairs – c’est-à-dire la transmission des connaissances par des jeunes du même âge. Cette évaluation, qui a été financée et accompagnée par le programme Jeunes et médias, montre si et, le cas échéant, dans quelle mesure l’éducation par les pairs peut être utilisée pour promouvoir les compétences médiatiques des jeunes. Olivier Steiner, professeur à la Haute école de travail social de la FHNW, a assuré la direction de l’évaluation. Il a présenté les phases du projet, les résultats et les cinq principaux critères de qualité (abstract, PDF) qui peuvent être déduits des résultats. Des informations complémentaires sont disponibles à la rubrique Education par les pairs.

 

Ivan Reinhard, de la fondation aebi-hus, a présenté le projet d’éducation par les pairs du Groupe d’experts Formation Dépendances (GFD) de la Fondation suisse pour la prévention des toxicomanies aebi-hus (Factsheet «ALLUME TON PORTABLE – LE JEU DÉMARRE !»). Les jeunes réfléchissent à leur rapport aux médias numériques dans le cadre d’une pièce de théâtre qu’ils présentent en public. Romina Miani, de l’association InTeam, a rendu compte du projet «Peer-Media-Educator – Medienkompetenz@Jugendliche», qui permet à des jeunes au chômage d’être formés pour devenir pairs tuteurs. Leonardo Da Vinci, de la Haute école spécialisée tessinoise SUPSI a parlé des jeunes fréquentant l’école d’art et de design de Trevano qui ont accepté de suivre une formation de peer juniors ou de peer seniors pour transmettre des compétences médiatiques (Factsheet projet modèle SUPSI). Le projet Virtual Stories, qui est soutenu par RADIX, la Haute école pédagogique de Schwytz et la fondation idée:sport, s’appuie sur la vidéo, instrument apprécié et facile d’accès. Sur la plate-forme feel-ok.ch, les études de cas qui ont été traités peuvent être commentées par d’autres jeunes. Quant au projet modèle de la commune de Renens, il s’agit d’une web radio faite par et pour les jeunes : les jeunes se donnent mutuellement des conseils et bénéficient du soutien des responsables de la radio. Les auditeurs ainsi que d’autres jeunes peuvent

transmettre leur feed-back sur un blog.

 

Exposés à télécharger :

 

Prof. Dr Olivier Steiner, Haute école de travail social, Institut Kinder- und Jugendhilfe, Fachhochschule Nordwestschweiz (d)

 

 

Participants :

  • Ivan Reinhard, délégué du conseil de fondation d’aebi-hus
  • Romina Miani, responsable du bureau InTeam et du département Laufbahnplanung, Coaching, Medienkompetenz
  • Nicolas Perelyguine, responsable du secteur jeunesse, Service Culture-Jeunesse-Sport de la ville de Renens
  • Dea Bllaca et Marilyn Themo, deux jeunes ayant participé au projet
  • Leonardo Da Vinci, département Travail social, HES du Tessin SUPSI
  • Dominik Petko, vice-recteur recherche et développement et directeur de l’institut pour les médias et l’école, Haute école pédagogique de la Suisse centrale
  • Yves Weber, responsable de projet fondation idée:sport
  • Classement des résultats et débat sur le potentiel de la méthode : Muriel Langenberger, Head of Intervention Europe, Jacobs Foundation

 

Animation : Maria Ritter, secteur Recherche et évaluation, Office fédéral des assurances sociales

Comment la pédagogie sociale et spécialisée aborde-t-elle la question des médias numériques ? C’est à cette question centrale que Monika Luginbühl, de l’Ecole de formation professionnelle, supérieure et continue de Berne (abstract, PDF), a consacré son intervention. La discussion qui a suivi a permis d’évoquer un certain nombre d’exemples pratiques. Mme Luginbühl a présenté son guide pour la conduite d’un bilan institutionnel, intitulé « Développement des compétences médiatiques dans les institutions pour enfants et adolescents présentant des besoins spécifiques ». Cette brochure, rédigée par ses soins, a été conçue en collaboration avec Curaviva Suisse, l’Ecole de formation professionnelle, supérieure et continue de Berne et le programme national Jeunes et médias.

 

Patrice Schnidrig a ensuite décrit comment la question des médias numériques est abordée au Village d’enfants St. Antonius à Loèche. Autre exemple, la Fondation Officielle de la Jeunesse FOJ a mis au point une plateforme électronique sur son Intranet pour informer ses collaborateurs des risques de l’utilisation d’Internet et mène un programme de formation interne destiné aux enfants et aux adolescents. Martina Suter du centre de compétences Jugend und Familie Schlossmatt a présenté la mise en œuvre de la stratégie nouveaux médias dans son institution, qui accueille des enfants, des adolescents ainsi que des jeunes mères.

 

Les participants à la discussion ont appelé de leurs vœux la mise en place d’une plateforme contenant des informations juridiques sur la protection des jeunes face aux médias, ainsi qu’un instrument permettant de définir l’âge idéal pour commencer l’éducation aux médias. La formation continue des collaborateurs des institutions, une attitude claire et le courage de mettre en œuvre les règles définies constituent les conditions élémentaires d’une pédagogie des médias fructueuse. L’éventail de la pédagogie spécialisée semble trop large pour définir une stratégie globale en matière de médias. L’offre de la pédagogie des médias doit être différenciée en fonction des besoins de la pédagogie curative, spécialisée ou sociale. L’objectif commun de toutes les mesures est clair : permettre aux enfants et aux adolescents de découvrir les médias numériques tout en protégeant leur sphère privée, et leur apprendre à se protéger des dangers.

 

L’intervention de Monika Luginbühl peut être téléchargée :

Monika Luginbühl, assistante sociale HES, formatrice d’adultes ES, chargée de cours Formation de base Éducation sociale ES et Éducation de l’enfance ES à la BFF de Berne (d)

 

 

 

Participants au débat :

  • Martina Suter, directrice du centre de compétences Jugend und Familie Schlossmatt
  • Patrice Schnidrig, responsable du Village d’enfants à Loèche
  • Claudia Grob, Fondation Officielle de la Jeunesse

 

Animation : David Oberholzer, responsable du domaine Enfants et adolescents, CURAVIVA

Le Dr Philippe Stefan, directeur du Centre psychothérapeutique de l’Hôpital de l’enfance au CHUV de Lausanne, a consacré son exposé (abstract, PDF) à la cyberaddiction, en s’interrogeant tout d’abord sur la légitimité de ce terme, puis sur les facteurs qui favorisent la dépendance. L’entrée dans l’adolescence est marquée par de profonds bouleversements biologiques, tant au niveau du cerveau que du corps. C’est une période à laquelle les jeunes sont très réceptifs à l’horizon des possibles qu’ouvrent les médias numériques, à l’instar des stimulations visuelles et auditives intenses. C’est la raison pour laquelle il est particulièrement important à cet âge-là que les parents ne diabolisent pas l’effet de ces médias, mais qu’ils accompagnent attentivement leurs adolescents dans l’utilisation qu’ils en font.

 

Renanto Poespodihardjo, psychologue responsable du service ambulatoire pour addictions comportementales de l’Université de Bâle, a pour sa part axé son intervention (abstract, PDF) sur les facteurs qui transforment un passe-temps en une addiction. Selon une étude publiée en 2012, 4,4 % de la population européenne sont frappés de cyberaddiction, laquelle résulte de stratégies conscientes en quête de récompense, mais a généralement un impact considérable sur la vie sociale, scolaire ou professionnelle. Parmi les signes suggérant une dépendance, il a cité une consommation excessive et la perte de contrôle qui s’ensuit, de même que des conséquences négatives notoires au niveau personnel, scolaire ou professionnel.

 

La discussion a mis en évidence qu’on ne saurait définir une consommation « normale » de médias numériques par un nombre d’heures, tant elle dépend de nombreux facteurs. Il appartient donc aux parents de chercher le dialogue avec leur adolescent dès qu’ils le sentent accablé par la souffrance ou constatent que sa consommation excessive affecte sa vie sociale ou scolaire, tout en gardant à l’esprit qu’un jeune a autant besoin d’un soutien et d’une oreille attentive que de règles et de limites. Si le malaise persiste, les parents peuvent s’adresser à des services spécialisés. S’agissant des jeux, aucun n’expose particulièrement ses adeptes à la dépendance. Pour favoriser la compréhension mutuelle, on peut cependant recommander aux parents de jouer avec leurs enfants et de s’intéresser activement aux jeux potentiellement sources d’inquiétudes. En effet, seule la discussion permet de mettre le doigt sur ce qui fait l’attrait d’un jeu. Quant au domaine scolaire, il est capital de distinguer prévention et intervention : en cas de crise, il faut faire appel aux services spécialisés compétents, voire inviter les jeunes à suivre certains cours. La prévention s’emploie, de son côté, à favoriser une utilisation saine des médias numériques en mettant en lumière des projets innovants et en inculquant des règles claires.

 

Publication

Dr Philippe Stephan, pédopsychiatre et directeur du Centre psychothérapeutique de l’Hôpital de l’enfance au CHUV de Lausanne, « La cyberaddiction chez les adolescents en question », publié en décembre 2014 dans le n° 20 de la revue Prismes.

 

Participants à la discussion :

  • Niels Weber, psychologue, chargé de prévention à l’association Rien ne va plus, Genève
  • Larissa Hauser, cheffe de projet, Suchtprävention Winterthur

 

Modérateurs :

  • Nathalie Arbellay, Groupement romand d’études des addictions (GREA)
  • Amanda Kiefer, Fachverband Sucht

Comment assurer efficacement la protection des jeunes face aux médias, dans un environnement caractérisé par la diversité médiatique et la disponibilité permanente (et mobile) de jeux et de films ? Outre l’intervention des autorités et le contrôle parental, il est nécessaire que le secteur des médias prenne des initiatives d’autoréglementation, comme le fait l’association faîtière Swiss Interactive Entertainment Association (SIEA) avec le principe d’indication, sur les jeux vidéo, de l’âge conseillé et un contrôle de l’âge de l’acheteur dans les points de vente. Une évaluation de ces mesures montre qu’il est possible d’obtenir des produits inappropriés, voire au contenu dangereux pour la tranche d’âge concernée, dans 50 % des achats dans les magasins et dans un tiers des achats en ligne. C’est pourquoi Julian Wallace, assistant à l’unité Evolution des médias et innovation, IPMZ, Université de Zurich, a recommandé (abstract, PDF) aux associations de multiplier les achats tests réguliers de jeux vidéo et de films et de publier les résultats de ces tests. Les autorités peuvent en soutenir financièrement la réalisation. Quant au contrôle des achats en ligne, il est réalisé au moyen de la carte de crédit pour les produits réservés aux plus de 18 ans. Dirk Bosmans, représentant du Pan European Game Information System (PEGI) a présenté les derniers développements en matière de classification des tranches d’âges pour les jeux vidéo (abstract, PDF). Le système PEGI est utilisé dans toute l’Europe à l’exception de l’Allemagne, qui recourt majoritairement au label USK. L’International Age Rating Coalition (IARC) a été mise en place afin de couvrir l’ensemble des applications pour smartphones et tablettes et des jeux en ligne existants. Utilisée en Europe, au Brésil, aux Etats-Unis et au Canada, elle crée un système de notation commun qui est déjà utilisé par exemple sur Google Play. A partir de 2016, YouTube affichera également une indication de l’âge recommandé en fonction du pays de la connexion.

 

Lors du débat, Peter Züger, de l’organisation faîtière SIEA, a mentionné le Code of Conduct (CoC), qui existe depuis 2006 et vient d’être intégré dans un outil d’apprentissage en ligne à l’intention des vendeurs du secteur. En vertu du CoC, le commerce est tenu de ne proposer que des produits pourvu du label PEGI. Ici, on constate des problèmes dans la mise en œuvre car de nombreux vendeurs importent des produits directement d’Allemagne qui sont dépourvus du label PEGI. C’est pourquoi les participants sont favorables à l’introduction d’une base légale afin d’imposer l’adoption du CoC dans toute la Suisse. En même temps, la formation aux médias joue un rôle non négligeable. L’association GameRights recourt par exemple à des game agents qui réalisent des formations lors des soirées des parents. Cette mesure s’est révélée très efficace dans la pratique. Un grand problème demeure le fait que les jeunes téléchargent des contenus inappropriés à leur âge en passant par des plateformes illégales. Dans ces cas-là, mais également de manière générale, l’instance parentale est très importante. Or, de nombreux parents ne connaissent pas encore le système PEGI, ou en sous-estiment l’importance. L’école peut apporter une contribution importante à leur sensibilisation.

 

Exposés à télécharger :

 

 

 

Participants :

  • Peter Züger, président de Swiss Interactive Entertainment Association (SIEA)
  • Thomas Riediker, président de GameRights

 

Animation : Thomas Vollmer, Office fédéral des assurances sociales

Participation de la jeunesse au Forum national professionnel