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4 adolescents assis ou allongés sur le sol, tous sur un ordinateur portable, une tablette ou un smartphone.

De 0 à 18 ans: comprendre l’usage des médias selon l’âge

Les enfants évoluent rapidement, acquérant sans cesse de nouvelles compétences. Leur manière d’interagir avec les médias numériques change également au fil des ans. Cette vue d’ensemble vous aide à accompagner au mieux votre enfant selon son âge.

Les enfants évoluent rapidement, acquérant sans cesse de nouvelles compétences. Leur manière d’interagir avec les médias numériques change également au fil des ans. Cette vue d’ensemble vous aide à accompagner au mieux votre enfant selon son âge.

Les bébés commencent à apprendre dès leur naissance : très tôt, ils partent à la découverte de leur environnement et comprennent que Maman et Papa sont toujours là, même lorsqu’ils ne les voient pas ; ils gagnent ainsi confiance dans le monde. Plus tard, il s’agira d’apprendre à marcher, de se faire des amis, de réussir son diplôme de fin d’études, de découvrir qui l’on est vraiment et de prendre ses responsabilités dans la vie.

La psychologie du développement et la pédagogie utilisent le concept de « tâches développementales », introduit notamment par le pédagogue Robert James Havighurst. À chaque stade de leur vie, les enfants et les jeunes doivent résoudre des problèmes spécifiques afin de poursuivre leur développement. S’ils y parviennent, cela renforce leur confiance en eux et leur autonomie.

Ces tâches s’appliquent également à l’utilisation des médias : un enfant qui est en train d’apprendre le sens des règles a besoin d’un autre accompagnement qu’une adolescente en quête d’identité.

Connaître ces tâches de développement aide les parents à soutenir le mieux possible leurs enfants dans leur découverte du monde numérique

0–3 ans : expérimenter et découvrir par les sens

Les bébés et les jeunes enfants ont surtout besoin de proximité et d’attention. Ils veulent être en contact direct avec d’autres humains et découvrent leur environnement en utilisant tous leurs sens. Lorsqu’ils touchent un écran, cela peut parfois produire des effets, mais de manière purement aléatoire. Les jeunes enfants sont rapidement surstimulés par les médias numériques.

À partir d’un an environ, les enfants commencent à comprendre des histoires en images simples, surtout lorsqu’elles se réfèrent à des situations connues et sont tirées de leur quotidien. Ils se reconnaissent dans ces histoires et peuvent ainsi plus facilement comprendre ce qu’ils vivent. Les jeunes enfants aiment également regarder des photos ou des vidéos d’eux-mêmes ou de leurs proches. Cela leur permet de se reconnaître et de faire le lien avec leur propre perception. Ce qui compte à ce stade, c’est que ces expériences avec les médias soient brèves et toujours accompagnées par un adulte

3–6 ans : imagination, émotions et début d’autonomie

Les enfants d’âge préscolaire se cherchent : à travers le jeu, le langage et les relations avec les autres. Ils aiment inventer des histoires, posent beaucoup de questions et veulent comprendre comment le monde fonctionne. Les médias numériques peuvent soutenir cette tâche de développement : les histoires audio, les albums numériques ou les vidéos courtes permettent aux enfants d’élargir leur vocabulaire, leur donnent des idées de jeux de rôle ou les aident à faire des liens élémentaires. Il est toutefois essentiel que les contenus soient adaptés à l’âge de l’enfant et qu’un adulte soit présent et disponible pour parler de ce qu’il voit. Par exemple, lorsque l’enfant découvre une nouvelle série ou un nouveau film, il est préférable que les parents les visionnent avec lui.

À cet âge, l’enfant commence aussi à comprendre le déroulement d’une journée et la nécessité de planifier certaines choses. Il peut donc être impliqué dans la résolution de questions simples, par exemple : quand peut-il utiliser les médias ? Cela renforce son sentiment de participation aux décisions.

Les enfants de cette tranche d’âge ressentent les émotions avec intensité et commencent à développer leur empathie.. Les histoires qui parlent de courage, de peur, de tristesse et de colère les aident à nommer les émotions qu’ils éprouvent et à se mettre à la place des autres. Les enfants doivent aussi apprendre à développer des stratégies face à ce qui leur fait peur : fermer les yeux, éteindre la tablette, aller chercher Papa ou Maman ; en entraînant ce type de stratégies, les enfants accroissent leur sentiment de sécurité.

Les enfants veulent montrer ce qu’ils savent déjà faire et prendre eux-mêmes des décisions, y compris en ce qui concerne l’utilisation des média.

6-10 ans : gagner en indépendance mais rester accompagné

Avec le début de la scolarité, une nouvelle phase commence : les enfants cherchent à être plus autonomes et explorent les médias numériques de manière plus consciente. Ils commencent à lire des textes, à écrire des messages ou à effectuer des recherches sur leurs thèmes de prédilection. Ils ne sont toutefois pas toujours capables de mettre en contexte ce qu’ils voient ou lisent, et ont besoin des adultes pour les y aider.

La confiance en soi des enfants augmente également : ils veulent montrer ce qu’ils savent déjà faire et prendre eux-mêmes des décisions, y compris en ce qui concerne l’utilisation des médias. Ils veulent choisir eux-mêmes ce qu’ils regardent ou les jeux auxquels ils jouent et commencent à utiliser seuls les outils numériques. Voilà une bonne occasion de leur confier des responsabilités. Les règles concernant les médias devraient être fixées ensemble : quand est-ce que l’enfant a le droit d’utiliser quels médias ? Pourquoi y a-t-il des restrictions ? Les enfants comprennent mieux les règles lorsqu’ils peuvent donner leur avis et reçoivent des explications.

À cet âge, les amitiés gagnent en importance et sont souvent aussi liées au monde numérique. Les enfants discutent entre eux de séries, de jeux ou de leur application préférée. Peut-être émettent-ils le souhait de jouer à des jeux vidéo avec leurs amis ou d’avoir leur propre téléphone portable. Il importe alors de clarifier ensemble ce qui a du sens et comment les enfants peuvent naviguer sur la toile sans prendre de risque

10–14 ans : réorientation et distanciation

À cet âge, les enfants se sentent déjà presque adultes. Ils développent leurs propres opinions, testent les limites et se détachent progressivement de leurs parents. Les médias numériques jouent un rôle central durant cette phase : les jeunes y trouvent une orientation, s’y mettent en scène et s’en servent pour affirmer leur appartenance sociale.

Les stars et les influenceurs remplacent les modèles de l’enfance. Les médias sociaux, les jeux et les services de streaming deviennent leurs sujets de discussion. Les jeunes se comparent, découvrent de nouveaux intérêts et cherchent des groupes avec lesquels ils développent un sentiment d’appartenance, tant dans le monde physique que virtuel. Les médias les aident à prendre conscience des rôles que la société leur assigne, mais aussi à les tester et à les contester.

L’amour, la sexualité et les transformations physiques sont désormais à l’ordre du jour. Les adolescents font leurs premières expériences dans ce domaine et se sentent parfois désécurisés. C’est la raison pour laquelle il faudrait aborder avec eux des sujets tels que les idéaux de beauté, le sexting ou la pornographie.

À cet âge, l’accompagnement par les parents se transforme : au lieu de contrôler, il s’agit désormais de faire confiance, d’être ouvert à la discussion, mais aussi de se positionner clairement. Il importe moins désormais de fixer un temps d’écran que de créer des espaces sans médias (par exemple pendant les repas et la nuit) et de réfléchir ensemble à ce qui fait du bien, à ce qui désécurise et à ce que l’on souhaite montrer ou, au contraire, garder pour soi.

Même si, extérieurement, les jeunes donnent souvent l’impression d’être sûrs d’eux, ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent toujours s’adresser à quelqu’un en cas de problème.

14-18 ans : responsabilité personnelle et utilisation réfléchie des médias

À cet âge, les adolescents n’ont qu’une envie : être indépendants. L’utilisation des médias est donc elle aussi de plus en plus autodéterminée : les jeunes s’informent, partagent leurs opinions ou créent leurs propres contenus. La responsabilité devient alors le maître-mot : responsabilité de sa propre sphère privée, mais aussi de son rapport aux autres et de ce que l’on publie sur la toile.

Les adultes passent davantage à l’arrière-plan, mais restent importants, à condition toutefois de ne pas s’ériger en contrôleurs, mais d’être disponibles comme confidents. Même si, extérieurement, les jeunes donnent souvent l’impression d’être sûrs d’eux, ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent toujours s’adresser à quelqu’un en cas de problème. Les adultes sont là pour soutenir les jeunes, en particulier lorsqu’ils se sentent dépassés par leurs expériences en ligne ou lorsqu’ils ont transgressé des limites. En tant qu’interlocuteurs, les adultes peuvent aussi encourager les jeunes à mener une réflexion critique. Même lorsque le 18e anniversaire sonne l’avènement de la responsabilité individuelle sur le plan juridique, l’accompagnement des parents reste précieux.

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Bettina Bichsel est journaliste et rédactrice. Elle écrit et blogue pour Jeunes et Médias, parmi ses diverses activités.